Julie Boisseau
Entre le nutella et le jus d'orange, j'ai changé de regard

T’arrive-t-il d’avoir des flashs qui raisonnent en toi comme une prise de conscience incroyable ?
Ce matin, j’ai eu un flash… comme un coup de foudre de l’Univers et qui a réglé en une seconde 40 ans de peur.
J’étais en train de préparer le petit déjeuner de mon fils quand, au moment où j’ai attrapé le pot de nutella, j’ai fait un saut dans mon enfance et plus précisément, j’ai repensé à ma mamie (tu vois l’association entre le plaisir régressif du nutella et les petites madeleines de l’enfance ?).
La vision que j’ai eue d’elle, c’est cette femme qui, lorsqu’elle s’adressait à des gens qu’elle estimait « mieux placés » qu’elle socialement, se courbait et n’osait pas dire ce qu’elle pensait. « Ces gens-là, me disait-elle, ont une bonne situation, nous on est des petites gens ». Autrement dit, ces gens-là ont plus de valeur que nous parce qu’ils ont « réussi » dans la vie.
Etions-nous, au prétexte que mon grand-père était maçon et ma grand-mère femme au foyer, moins éduqués qu’eux, moins intelligents qu’eux, moins aimables ou respectables qu’eux ? Non, bien sûr que non. Et pourtant, l’attitude de ma grand-mère à fait naitre en moi une croyance limitante très forte selon laquelle, les gens qui ont socialement mieux réussi ont plus de valeur que moi.
Sacré cadeau que tu m’as fait là mamie !
Je suis très proche de ma grand-mère et forcément elle était mon modèle. Alors, avec mes yeux d’enfant, je me suis construit un monde autour de ça. Et j’ai sans doute décidé à l’époque (de façon très inconsciente) qu’un jour, je ferai partie de ces gens-là, ceux qui réussissent… pour que mamie soit fière de moi.

Cette décision, c’est le bon côté de la croyance, celui qui me booste et qui me pousse à être aujourd’hui celle que je suis, une femme ambitieuse et qui se donne les moyens de réussir sa vie, celle qu’elle a envie de vivre.
Mais ce bon côté était jusque là freiné par la dark side … la peur du regard des autres ! Eh oui, parce que cette croyance selon laquelle ceux qui réussissent ont plus de valeur que moi qui est rapidement devenue « les autres ont plus de valeur que moi » a eu pour effet de développer en moi une vraie crainte du regard des autres.
Et cette crainte s’est amplifiée avec ma maman qui me répétait sans cesse « qu’est-ce qu’on va penser de nous ». Sacré héritage familial !
Ces petites phrases anodines ont véritablement pollué mon inconscient et j’ai donc adapté mes comportements pour que sans cesse on pense que je suis quelqu’un de bien, quelqu’un digne de valeur !
Mais porter un masque tous les jours (en cette période, je précise qu’il s’agit là du sens figuré 😊), adapter ses comportements pour être conforme à ce que l’on pense que les autres attendent de nous, c’est extrêmement fatigant et nuisible. On se travestit pour être cette personne qui plaira à tout le monde. Et finalement, plait-on plus ? NON ! Puisque tout le monde s’en fout.
En effet, la peur du regard des autres consiste, pour la personne qui en est victime, à croire que les autres la jugent en permanence, à s’imaginer ce que les autres pensent d’elle. Et comme il lui est très désagréable de se sentir jugée, elle adapte ses comportements et renie ainsi sa propre personnalité.
Vous remarquerez, c’est la personne qui ne fait jamais de vagues, celle qui est toujours d’accord avec tout le monde au point qu’on a souvent du mal à savoir ce qu’elle pense vraiment, celle qui va s’excuser de déranger, celle qui va se mettre en quatre pour qu’on pense du bien d’elle.
Cette croyance paralyse, oblige à être quelqu’un d’autre au point parfois de ne plus se respecter soi-même et de ne plus vraiment savoir qui l’on est.
J’ai constaté au cours de mes accompagnements que beaucoup de personnes connaissent cette peur du regard de l’autre et s’empêchent d’être véritablement elles-mêmes.
La reconnexion à soi, le travail profond que je fais sur moi m’ont permis d’avoir ce matin ce flash. Et j’ai réalisé que cette peur, finalement, ne m’appartenait pas. Quel soulagement ! Après 40 ans à contrôler tous mes faits et gestes par peur de ce que les autres allaient penser de moi, prendre conscience que cette peur n’était en réalité pas la mienne mais celle de ma grand-mère et celle de ma mère m’a envahi d’un sentiment de liberté. Et mon estime de moi, derechef, devant le pot de nutella est montée en flèche.
Me voilà gonflée à bloc (non, pas à cause du nutella 😊) pour oser les défis qui m’attendent ! Et cela me remplit de joie.
Et toi, à qui appartient ta peur du regard des autres ? Qui t’empêche-t-elle d’être ?
On en parle ?